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Les sciences participativescomme outil de surveillance

Comment surveiller davantage sans moyens financiers supplémentaires ? Tout simplement en faisant appel à des citoyens bénévoles ! Une aubaine pour récolter de grandes quantités de données, impossibles à obtenir autrement.

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Si l’application Agiir n’évoque pas grand-chose, peut-être que les observatoires dédiés aux gestionnaires d’espaces verts Propage et Florilèges parlent déjà plus, ou encore l’application Vigi-­Tique (ou Signalement Tique) développée en 2017, qui recueille des données sur leurs piqûres (plus de 20 000 de ces arachnides récoltés en cours d’analyse).

Développés par le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) ou par l’Institut national de la recherche agronomique (Inra)*, tous ces outils font appel à des bénévoles, professionnels ou non, pour accumuler des données sur la surveillance d’insectes et/ou de plantes.

L’application Agiir, par exemple, conçue par l’Inra, aide à identifier des insectes invasifs afin de décla­rer leur présence, grâce à un outil de reconnaissance et de gestion par l’image. Elle rassemble ainsi des données sur la chenille processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) et le frelon asiatique (Vespa velutina) depuis 2014. Deux ans plus tard, la pyrale du buis (Cydalima perspectalis), le papillon du palmier (Paysandisia archon) et la punaise diabolique (Halyomorpha halys) ont été ajoutés à la liste des ravageurs surveillés.

Autre exemple de science participative : deux chercheurs de l’Inra et du CNRS ont lancé sur la plateforme Tela Botanica un appel à observations des dégâts de la canicule de 2019 sur les végétaux (lire l’encadré ci-dessous).

Communiquer, un aspect essentiel

Dans le cas de l’application Agiir, l’insecte qui a déclenché le plus de signalements est la punaise diabo­lique : il y en a eu plus de 3 000 entre 2016 et 2019. Les données issues de cette collecte ont permis de pré­ciser l’émergence de cet insecte.

Originaire d’Asie de l’Est, cet hémi­ptère est un ravageur des cultures en Amérique et en Europe, en par­ticulier fruitières et maraîchères, mais aussi des végétaux d’ornement. Il a été découvert en 2012 en Alsace. Le suivi de sa progression est important pour prévenir de la conduite à adopter en cas d’infestation et pour que les filières agricoles puissent se préparer à d’éventuels dommages aux cultures.

L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a estimé­ dès 2014 un risque écono­mique potentiel important. Pourtant, actuellement, aucune mesure de lutte n’est appliquée vis-à-vis de cet organisme. Les dommages sont pour l’instant moindres en Europe, par rapport aux États-Unis, car l’introduction y est plus récente.

L’application a toutefois rassemblé un nombre assez restreint d’utilisateurs (1 000 inscriptions la première année), même s’il est en augmentation constante, en partie à cause du peu de communication réalisée autour de cet outil. L’application Vigi-Tique, qui a bénéficié d’une plus large­ couverture médiatique, a été beaucoup plus utilisée (30 000 la première année).

Léna Hespel

*Au 1er janvier 2020, l’Inra a fusionné avec l’Irstea (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture), devenant l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae).

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